L’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé le satellite Biomasse le 29 avril dernier. Cette opération marque le début d’une ère nouvelle dans l’observation des forêts tropicales et la lutte contre la déforestation.Le satellite permettra de sonder avec une précision inégalée le cœur des forêts les plus denses, y compris celles du Bassin du Congo, à l’aide d’une technologie radar. « Jusqu’à présent, la canopée dense des forêts tropicales constituait un véritable mur pour les capteurs optiques. Biomasse innove avec un radar en bande P, une fréquence extrêmement basse qui traverse le feuillage et cartographie directement la biomasse ligneuse, c’est-à-dire la quantité de carbone stockée dans les troncs et branches », fait savoir le communiqué de presse.L’ESA, avec ce nouveau satellite, vise à produire tous les six mois pendant au moins cinq ans, des cartes globales de la biomasse forestière. Ces données permettront de suivre l’évolution du carbone forestier, d’évaluer la déforestation et la régénération des forêts, de renforcer les politiques climatiques et de préservation des forêts.Les forêts du Bassin du Congo, bien qu’elles soient parmi les plus riches en biodiversité, sont les moins bien cartographiées. Les données que fournira Biomasse vont améliorer considérablement la connaissance de cette région, en complétant les observations satellitaires existantes (comme celles de Copernicus) par des estimations directes du carbone stocké. Ce satellite permettra ainsi de mieux calibrer les modèles climatiques, d’évaluer l’efficacité des projets de conservation et de documenter les efforts de gestion durable des forêts menés par les États et les opérateurs certifiés. Pour le bassin du Congo, il s’agit d’un outil stratégique car les données de Biomasse pourraient à terme appuyer les initiatives de certification, de traçabilité et les engagements REDD+.Il faut noter que l’un des grands apports de Biomasse est de démocratiser l’accès à des données jusque-là rares, coûteuses ou peu fiables. En mettant à disposition des mesures indépendantes et continues, ce satellite favoriserait la transparence dans les bilans carbone forestiers et contribuera à valoriser les efforts des gestionnaires responsables. Il ouvre aussi la voie à une meilleure coordination entre acteurs scientifiques, institutionnels et économiques autour d’une gestion durable des ressources forestières. En ces temps de pression accrue sur les forêts, il s’agit d’un levier décisif pour soutenir les politiques basées sur la connaissance.
