Alors que la question de la conservation des archives demeure un défi pour de nombreuses administrations africaines, le Burkina Faso choisit l’action collective et la réflexion stratégique. En effet, ce vendredi 9 mai 2025, le Musée National du Burkina Faso a accueilli l’ouverture officielle d’un colloque scientifique sur les archives, en présence de Michel Saba, Chargé de missions représentant le Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, et de Pingdwendé Gilbert OUÉDRAOGO.Organisée par la Direction des Archives et de la Documentation (DAD), cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la 3ᵉ édition du mois du patrimoine culturel burkinabè. L’objectif est de repenser le rôle des archives dans l’administration publique et d’explorer des solutions innovantes aux défis actuels, notamment en contexte de crise.Durant plusieurs jours, des archivistes, chercheurs, historiens, responsables administratifs et acteurs culturels échangeront sur des thématiques portant sur l’importance stratégique des archives pour la mémoire nationale, les contraintes de leur conservation physique, et surtout, leur potentiel pour éclairer les choix politiques et sociaux. Un accent particulier est mis sur les archives de la révolution d’août 1983, dont l’étude pourrait nourrir le projet du mémorial Isidore Noël Thomas Sankara.
Le constat de départ est sans appel : de nombreux documents essentiels à la mémoire nationale sont souvent relégués dans des couloirs, mal classés, ou considérés comme des charges inutiles. « Les archives, fruits de notre travail, sont parfois perçues comme encombrantes, alors qu’elles constituent une richesse inestimable », a regretté Babou Batoro, Directeur des Archives et de la Documentation.
Mais ce colloque ne se limite pas à dresser un état des lieux. Il se veut une plateforme de solutions. Plusieurs initiatives sont déjà en cours pour le renforcement des capacités des archivistes, le développement de stratégies de numérisation, et la sensibilisation des services publics à la valeur patrimoniale des documents administratifs. Des expériences réussies seront partagées, notamment sur l’organisation d’archives dans des contextes de crise ou de reconstruction.
Pour Michel SABA, l’initiative arrive à point nommé. « Les archives publiques sont le socle mémoriel de notre État, le témoin infaillible du parcours de notre Nation, de ses défis, de ses victoires et de ses aspirations », a-t-il déclaré, soulignant le rôle central des archives dans la consolidation de la mémoire collective et la transparence administrative.
Les décisions prises lors de ce colloque devront servir de feuille de route pour une gestion plus rigoureuse, accessible et valorisante des archives au Burkina Faso.
Au-delà de la conservation, c’est bien d’une nouvelle culture de la mémoire qu’il s’agit, une mémoire vivante, participative, au service du développement et de la citoyenneté.