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vendredi 4 juillet 2025

Décès de Koyo Kouoh : L’art africain perd une voix visionnaire.

Une figure marquante de la scène artistique contemporaine s’est éteinte. Koyo Kouoh, la commissaire d’art suisse-camerounaise qui devait marquer l’histoire en devenant la première femme africaine à diriger la prestigieuse Biennale de Venise en 2026, est décédée subitement le samedi 10 Mai 2025 à l’âge de 57 ans. L’annonce de sa disparition a plongé le monde de l’art dans une profonde tristesse.

Le Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA) du Cap, où elle officiait avec passion et vision en tant que directrice exécutive et conservatrice en chef depuis 2019, a confirmé la douloureuse nouvelle lundi. Dans un communiqué poignant, le musée a salué la mémoire de cette femme d’exception.

Née à Douala, au Cameroun, en 1967, Koyo Kouoh a passé une partie significative de sa vie en Suisse, où elle a étudié l’administration des affaires et la banque avant de se tourner vers une carrière littéraire, puis vers le monde de l’art. Son parcours éclectique et son ouverture d’esprit ont façonné une approche curatoriale audacieuse et profondément engagée.

Avant de prendre les rênes du Zeitz MOCAA, qui abrite la plus grande collection d’art contemporain africain, Kouoh a fondé et dirigé avec impact le centre d’art Raw Material Company à Dakar, au Sénégal. Cette expérience sénégalaise a été déterminante dans son développement professionnel. Comme elle le confiait récemment au Financial Times, « C’est l’endroit où j’ai grandi professionnellement, où je suis vraiment devenue conservatrice et commissaire d’exposition. Dakar a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. »Sa nomination à la tête de la 61e édition de la Biennale de Venise, prévue d’avril à novembre 2026, était perçue comme un moment historique, un signe de reconnaissance de la richesse et de la diversité de la création artistique africaine sur la scène internationale. Elle devait d’ailleurs dévoiler le titre et le thème de cette édition tant attendue à Venise dans quelques jours, le 20 mai.

La direction de la Biennale de Venise a exprimé sa profonde affliction face à cette perte immense, soulignant l’engagement, la rigueur intellectuelle et la vision dont Koyo Kouoh avait fait preuve dans la conception de l’événement. « Sa disparition laisse un vide immense dans le monde de l’art contemporain et dans la communauté internationale des artistes, des commissaires et des chercheurs qui ont eu le privilège de la connaître et d’admirer son engagement humain et intellectuel extraordinaire », a déclaré l’institution vénitienne. Le Zeitz MOCAA, en signe de deuil, a annoncé la fermeture temporaire de ses portes et la suspension de sa programmation.Au-delà de ses réalisations professionnelles, Koyo Kouoh était reconnue pour son leadership transformationnel au Zeitz MOCAA, où elle a mis en place un programme « explicitement panafricain de classe mondiale », selon le New York Times. Elle est créditée pour avoir revitalisé l’institution après une période difficile.Dans l’une de ses dernières interviews, elle partageait sa vision singulière de la mortalité, ancrée dans son héritage culturel africain : « Je crois en la vie après la mort parce que je suis issue d’une éducation noire ancestrale où nous croyons aux vies et aux réalités parallèles. Il n’y a pas de « après la mort », de « avant la mort » ou de « pendant la vie ». Cela n’a pas tant d’importance. Je crois aux énergies – vivantes ou mortes – et à la force cosmique. »

La disparition soudaine de Koyo Kouoh laisse un vide immense dans le paysage artistique mondial. Son héritage en tant que pionnière, visionnaire et défenseure de l’art africain contemporain restera, sans aucun doute, une source d’inspiration pour les générations futures.


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