François : Le Pape qui a parlé aux marginaux,qui a aussi divisé son Église, est décédé

L’Église catholique est en deuil. Le Pape François, figure emblématique et souvent controversée, est décédé ce lundi 21 à l’âge de 88 ans, laissant derrière lui un héritage complexe qui a profondément redéfini les contours du catholicisme moderne. Pendant ses douze années de pontificat, il a bousculé les traditions, embrassé les marginalisés et provoqué des débats passionnés sur la direction future de l’Église.
« À 7h35 ( 5h 35 GMT) ce matin, l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père, » a annoncé le cardinal camerlingue Kevin Farell, rappelant dès les premiers mots la simplicité et l’humilité qui ont caractérisé ce pape venu « des périphéries ». Cette simplicité, loin des fastes traditionnels, a été la marque de son pontificat, depuis son élection en 2013, lorsqu’il s’est présenté comme un simple « évêque de Rome ».
François a laissé une empreinte indélébile sur l’Église. Il a entrepris une réforme ambitieuse de la Curie romaine, le gouvernement central de l’Église, cherchant à la rendre plus transparente et moins bureaucratique. Il a également mis l’accent sur la « synodalité », un processus de consultation des fidèles à tous les niveaux, dans le but de rendre l’Église plus inclusive.
Mais c’est surtout son approche du monde extérieur qui a marqué les esprits. Il a plaidé pour l’accueil des migrants, dénonçant « la mondialisation de l’indifférence », et a insisté sur la nécessité de lutter contre le changement climatique, à travers son encyclique Laudato si’. Son style direct et chaleureux, ses appels téléphoniques à des fidèles anonymes, et son insistance sur une Église qui « sort » vers les périphéries ont touché de nombreuses personnes, croyantes ou non.
Cependant, son pontificat a également été marqué par des controverses. Ses tentatives de réformer la doctrine sur des questions sensibles, comme la communion pour les divorcés remariés et la bénédiction des couples homosexuels, ont provoqué de vives réactions, notamment parmi les conservateurs. Sa gestion de la crise des abus sexuels au sein de l’Église a également été critiquée, malgré ses efforts pour reconnaître les erreurs passées et mettre en place des mesures de protection.
François a cherché à construire des ponts avec d’autres religions, rencontrant des leaders musulmans et orthodoxes. Mais ses tentatives de médiation dans le conflit ukrainien ont été accueillies avec scepticisme, et ses relations avec la Chine sont restées tendues.
Alors que l’Église se prépare à élire son successeur, la question de l’héritage de François se pose avec acuité. Le collège des cardinaux, qu’il a largement renouvelé, reflète sa vision d’une Église plus diversifiée et moins centrée sur l’Europe. Mais les divisions qu’il a mises en lumière persistent, et le prochain pape devra naviguer dans un paysage complexe, où les demandes de réforme côtoient les résistances conservatrices.
François a laissé une Église en mouvement, confrontée à ses contradictions et à ses défis. Son héritage, fait de ruptures et de continuités, continuera de façonner le débat catholique pour les années à venir.