Au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu président samedi 12 avril 2025, avec 90,35 % des voix, selon les chiffres provisoires communiqués dimanche 13 avril par le ministère de l’Intérieur. Il est donc le nouveau chef du palais du Bord de mer après vingt mois de transition. Il dirigera le pays pour les sept années à venir avec un mandat renouvelable une seule fois. Un succès sans surprise, tant il a écrasé la scène politique depuis le renversement d’Ali Bongo le 30 août 2023.
Seulement, la confirmation de la Cour constitutionnelle reste encore en attente, mais Brice Clotaire Oligui Nguema va bien rester au moins sept années supplémentaires au palais du bord de mer de Libreville. Alors que les soutiens du chef de la transition lui promettaient une victoire « à la soviétique », il semble l’avoir obtenue : 90,35 % des voix selon le ministère de l’Intérieur, qui a communiqué en fin d’après-midi les résultats globaux provisoires.
Excepté au sein de la diaspora, Brice Clotaire Oligui Nguema dépasse les 93 % partout au Gabon. Il n’a laissé aucune chance à ses adversaires : Alain Claude Bilie-By-Nze arrive deuxième avec à peine plus de 3 %, et les six autres candidats ne dépassent pas 1 %. Ils ont maintenant huit jours en cas de recours devant la Cour constitutionnelle.
Alors que la participation avait été estimée à 87 % à la fermeture des bureaux de vote samedi 12 avril au soir, elle a été revue à la baisse par le ministère. Elle a en réalité atteint 70,4 %. Cela car les bureaux témoins sont dans les grandes villes, a justifié le ministre Hermann Immongault.
Parmi les déçus, Alain Claude Bilie-By-Nze a donné rendez-vous lundi 14 avril matin pour une réaction. Ceux qui avaient appelé à s’abstenir jugent que ces résultats ont été « gonflés ».
Le syndicaliste Jean-Remy Yama estime que le général Oligui Nguema n’avait pas besoin des « pratiques de l’ancien système » pour gagner : il a partagé sa « tristesse » de voir la transition « entrée par la grande porte, sortir par la fenêtre ».
Du côté du quartier général du président, l’ambiance était à la fête, l’organisation ayant refusé du monde. Brice Oligui Nguema est arrivé avec son épouse comme une star en costume cravate. Comme pendant la campagne, il a fondu dans la foule, serrant les mains et échangeant des rires aux éclats, avant de s’installer sous une tente où l’attendaient son Premier ministre Raymond Ndong Sima et plusieurs membres du gouvernement.
Chants religieux, comédies et humour ont meublé l’attente de l’annonce des résultats. Le président candidat a suivi en direct sur écran géant l’annonce de ces résultats provisoires, jusqu’à ce que la foule s’exulte dès que le score final de Brice Oligui Nguema a été prononcé.
On a entendu des cris de joie, ainsi qu’une maman écraser des larmes. « Cette victoire qui réjouit tout le monde est spirituelle. Pour une première fois, je vis la proclamation des résultats d’une élection présidentielle dans mon pays comme si tout le Gabon célébrait le nouvel an », a confié la dame.
Des scènes de liesse et des concerts de klaxon ont éclaté dans les rues. La messe est à peine dite au ministère de l’Intérieur que le centre de Libreville résonne de cris de joie. Au bord d’un trottoir, Edna, une fonctionnaire, lance « la Concorde », l’hymne national, sur son enceinte. Elle est ravie du résultat. « Très belle journée, vraiment, on est satisfait. C’est un gros changement par rapport aux élections passées, c’est que les résultats sont proclamés en plein jour ».
À ses côtés arrive Nadège, drapeau vert-jaune-bleu à bout de bras. « C’est parfait, il a démontré, il a prouvé par exemple que la démocratie n’existait plus. Aujourd’hui, c’est bon, c’est parfait ». Roland, casquette du Rassemblement des bâtisseurs sur la tête, s’arrête. Son engouement pour le nouveau président est total. « Dieu a donné le Messie gabonais qui est là pour s’occuper du peuple gabonais. Il sait que les Gabonais sont en difficulté. Je souhaite longue vie et bonne chance à notre père de la nation Brice Oligui Nguema ».
Dans la soirée de la victoire, la joie est énorme dans le camp du nouveau patron de la présidence gabonaise. Des files de taxis blancs Gab+, lancés avec le soutien du CTRI, sillonnaient la ville pour klaxonner vivement en soutien au futur président. Les Librevillois ont choisi de célébrer ce tournant dans l’histoire du pays sans se projeter sur les défis du lendemain.