Accra, Ghana – Le Parlement ghanéen a voté une loi ce mercredi 25 juin 2025 qui replace le 21 septembre, date de naissance de Kwame Nkrumah, comme l’unique Journée du Fondateur du pays. Cette décision annule le précédent décret de l’administration de Nana Akufo-Addo, qui avait déplacé cette commémoration au 4 août pour honorer la pluralité des acteurs ayant œuvré pour l’indépendance du Ghana en 1957. Une mesure qui relance un débat mémoriel vieux de plus de soixante-dix ans.
Une Querelle Historique au Cœur de l’Indépendance
L’origine de l’indépendance ghanéenne est en réalité marquée par une fracture entre deux mouvements nationalistes majeurs. Chris Atadika, chercheur en sciences politiques à l’Université du Ghana, explique la dynamique : « La Convention de la Côte-d’Or Unie (UGCC) visait une auto-détermination rapide. Cependant, Kwame Nkrumah, l’un de ses membres, s’est séparé du mouvement, insistant sur une indépendance immédiate, sans délai. »
Un ou des fondateurs ? Le dilemme politique
La question fondamentale demeure : à qui attribuer la paternité de l’État ghanéen ? Pour l’ancien président Nana Akufo-Addo (2016-2024), l’indépendance ne saurait être l’œuvre exclusive de Kwame Nkrumah. Sa décision de célébrer « les fondateurs » au pluriel avait alors été perçue comme une controverse majeure. « Nana Akufo-Addo est un descendant des fondateurs de l’UGCC. Beaucoup ont donc vu dans ce changement une motivation personnelle visant à éclipser l’héritage de Kwame Nkrumah », analyse Chris Atadika.En réaffirmant le 21 septembre comme la Journée du Fondateur unique, l’administration de l’actuel président, John Dramani Mahama, choisit de reconnaître Kwame Nkrumah comme le principal architecte de l’indépendance nationale. Cette décision ne manquera pas de raviver les passions et les discussions sur l’interprétation de l’histoire du Ghana. L’héritage de Nkrumah, figure emblématique du panafricanisme, reste plus que jamais au centre des enjeux mémoriels et politiques du pays.