« …mais des fois l’iceberg remonte et là il est remonté, il est remonté et je l’avoue, je suis une écorchée vive. » Des mots d’une femme battue, brisée et déçue qui choisit de déposer les paillettes et les rythmes entraînants, pour partager une vérité assez intime et douloureuse. La chanteuse gabonaise a été victime de violences conjugales pendant deux ans, dans sa vie de couple avec son compagnon et père de son enfant. Malgré les violences verbales et physiques de son amoureux, la femme amoureuse se donnait des raisons de rester et de subir : « Je me disais que parfois il fallait accepter et subir certaines choses. » Après s’être laissée faire pendant tout ce temps, l’artiste explique les raisons de son silence : « On espère que la personne change, on espère que les mots changent… jusqu’à ce qu’on écoute la petite voix à l’intérieur, qui nous parle et nous dit qu’on mérite le respect. » Et si aujourd’hui elle brise le silence, et expose cette partie de sa vie, lors d’un live TikTok et ensuite au cours d’un entretien accordé à MN PROD, c’est parce que « qui ne dit mot consent et si ma voix peut changer des choses, que ma voix change des choses », explique-t-elle.
À travers cette confession, Shan’l, femme forte connue des mélomanes, brise ainsi l’image lisse souvent associée aux personnalités publiques. Avec honnêteté, elle retrace l’évolution d’une relation qui, au début, était belle. « Au début, c’est tout rose… ensuite, les premiers signaux d’alerte ont été au niveau de la violence verbale. » Ce que vivent la plupart des victimes. Mais, au cœur de cette obscurité, la flamme de la résilience a fini par se rallumer, notamment grâce à l’amour inconditionnel pour son fils : « Dans ses yeux, je puise toutes mes forces et tout mon amour. » Elle insiste sur l’importance de ne pas céder à la honte ou à l’espoir vain d’un changement improbable.
Un appel à l’endroit des femmes battues
Consciente de la portée de sa voix, la Kinda lance un appel fort aux victimes comme elle. « Les filles, parlez, les femmes, parlez et au premier coup, partez ! » Un message de Shan’l à l’endroit des femmes et filles victimes de violences conjugales qui se taisent, en raison du regard de la société. Avec une voix pleine d’émotions, ma tigresse fredonne « Maria », une chanson coécrite avec le chanteur et producteur camerounais Edgard Yonkeu (à Direct Prod en 2017). Une chanson qui décrit ce qu’elle a vécu dans son foyer.
Shan’l continue d’aimer le père de son enfant, malgré ce qu’il lui a fait. Mais elle se préfère désormais. « C’est un je t’aime mais je pars, je préfère la paix, je t’aime, je préfère le respect. Je t’aime, je préfère le bonheur. »
Pour rappel, Channelle Lekogo, dite Shan’L, née le 6 février 1989 dans la province du Haut-Ogooué, est une chanteuse et auteure-compositrice gabonaise. En dehors de « Maria » (2017), elle nous a fait déguster : « Je te suivrais » avec Rico (2017), « Love It » avec Magasco (2017), « Tchizambengue » (2018), « Serré Serré » (2018), « C’est Pas Les Gbés Gbés Gbés » (2019), « Où est le mariage » avec Fally Ipupa (2020) et bien d’autres saveurs.