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samedi 26 avril 2025

José Pliya, écrivain et architecte de ponts culturels entre l’Afrique et la Caraïbe, s’est éteint à 58 ans

Le monde des lettres et du théâtre est en deuil. L’écrivain et dramaturge franco-béninois José Pliya s’est éteint le samedi 12 avril 2025 à Miami, aux États-Unis, à quelques jours de son 59ème anniversaire. Une disparition soudaine qui laisse un vide immense dans le paysage culturel francophone, tant en Afrique que dans les Caraïbes, régions auxquelles il était profondément lié. Il était également le fils d’une figure marquante de la littérature béninoise, l’écrivain de renom Jean Pliya.
Né à Cotonou le 17 avril 1966, José Pliya est d’une lignée d’intellectuels engagés. Bien plus qu’un simple auteur ; il était un bâtisseur de ponts culturels, un homme passionné qui a consacré une grande partie de sa vie à tisser des liens indéfectibles entre les rives de l’Atlantique. Son « Histoire d’amour » avec les Antilles débute en 1998, lorsqu’il est nommé Directeur de l’Alliance Française de la Dominique. Une terre où il a immédiatement insufflé une dynamique nouvelle, créant notamment un atelier hebdomadaire qui a permis à de nombreux talents locaux d’éclore et de se perfectionner sur scène.

De la Dominique à la Guadeloupe : un engagement caribéen constant

Son impact en Dominique ne s’est pas arrêté là. José Pliya a été le fer de lance de la création du premier festival de théâtre franco-créole de l’île en 2001, lors de la Journée Mondiale de la Francophonie. Un événement qui a non seulement mis en lumière la richesse de la culture créole, mais qui a également ouvert les portes à des collaborations avec des professionnels venus de Paris et de la Martinique, propulsant la scène théâtrale dominiquaise sur la carte régionale.
L’engagement de Pliya pour la promotion des cultures caribéennes s’est concrétisé davantage en août 2003 avec la fondation d' »ETC_Caraïbe », une association ambitieuse dédiée à la valorisation des écritures théâtrales de la région. Il en a été le directeur artistique jusqu’en 2004, avant de prendre de nouvelles responsabilités en Martinique en tant que délégué académique aux arts et à la culture.
Son parcours l’a ensuite mené en Guadeloupe, où il a dirigé avec brio L’Artchipel, scène nationale, de 2005 à 2015. Durant cette décennie, il a initié des projets artistiques novateurs tels que « Nouvelles Ecritures Scéniques » et « Mythologies actuelles de Guadeloupe », contribuant à l’émergence de nouvelles voix et à une relecture contemporaine du patrimoine culturel guadeloupéen.
En janvier 2016, José Pliya avait choisi de s’installer à Marseille, au sein d’une compagnie nationale conventionnée, poursuivant ainsi son œuvre créatrice et son engagement pour le théâtre.
La reconnaissance de son talent a été marquée par de nombreuses distinctions, dont le prestigieux Prix du jeune théâtre de l’Académie française en 2003 pour sa pièce « Le Complexe de Thénardier » et l’ensemble de son œuvre. Une œuvre riche d’une vingtaine de pièces publiées, traduites en plusieurs langues et jouées sur les scènes des plus grandes capitales mondiales, témoignant de l’universalité de ses thèmes et de la puissance de son écriture. En 2022, la France l’élève au rang de Chevalier des Arts et des Lettres. Une juste récompense pour son apport inestimable à la culture francophone.

Un homme de théâtre au cœur des cultures

Au Bénin, son pays d’origine, José Pliya occupait depuis mai 2023 le poste de chargé de mission aux arts et à la culture auprès du président Patrice Talon. Avant cela, il avait dirigé l’Agence Nationale de promotion des Patrimoines et de développement du Tourisme (ANPT), jouant un rôle clé dans l’ambitieux programme de tourisme mémoriel initié par le chef de l’État béninois depuis 2016.
Professeur de lettres modernes de formation, l’œuvre théâtrale de José Pliya se distingue par l’exploration de thèmes profonds et universels, mettant en scène des êtres souvent solitaires, en quête d’identité et confrontés aux déracinements et aux mutations du monde contemporain. Des pièces comme « Cannibales » ou « Monsieur, Blanchette et le Loup » ont marqué les esprits et continuent d’être jouées à travers le monde.
La disparition de José Pliya est une perte immense pour la littérature africaine et pour la scène théâtrale francophone dans son ensemble. Son engagement passionné pour la culture, sa capacité à créer des passerelles entre les peuples et son talent d’écriture laisseront une empreinte durable. Homme de culture visionnaire, artisan infatigable du dialogue, fervent défenseur de la richesse et de la diversité des expressions francophones. C’est ainsi que s’inscrit José Pliya dans les mémoires.


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