DAKAR – Dans une tribune percutante, l’universitaire sénégalaise Fatoumata Bernadette Sonko a lancé un appel à la mobilisation collective pour défendre les droits des femmes, face à une érosion inquiétante de leurs acquis. Selon l’Agence de Presse Sénégalaise (APS), Mme Sonko souligne la nécessité de protéger l’héritage des « héroïnes ordinaires » que sont les femmes, dont les avancées sont menacées.
« Les héritages des héroïnes ordinaires que sont les femmes, avec ou sans théorie féministe, sont à défendre et à préserver à l’image de l’intégrité territoriale », écrit Mme Sonko, enseignante au Centre d’études des sciences et techniques de l’information de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Des acquis menacés par un « conservatisme sociétal caillouteux »
L’universitaire rappelle les progrès significatifs réalisés grâce à la lutte des femmes : amélioration de l’éducation et de la santé des filles, criminalisation du viol, abolition des inégalités dans le couple, et parité en politique. Cependant, elle déplore la « haine de l’égalité » qui se manifeste par une remise en question de ces droits.
« Il est désespérant de constater à quel point des fossoyeurs œuvrent pour fragiliser davantage des droits acquis », dénonce-t-elle, pointant du doigt un « régime patriarcal » qui tente de « réarmer » ses partisans d’une « émancipation sous tutelle ».
Face à ce « conservatisme sociétal caillouteux », Mme Sonko appelle à la « résistance », exhortant à « débusquer » les « encagoulées » et à « éradiquer le continuum de la violence sous toutes ses formes envers les Sénégalaises ».
Un appel à la mobilisation collective
L’universitaire critique également le rejet de la « perspective féministe », qui « exclut les femmes, menace leurs acquis et les empêche de faire valoir leurs droits ». Elle dénonce la construction d’une « peur viscérale du féminisme » dans l’espace public, visant à maintenir les femmes dans un état d’infériorité.
« Les Sénégalaises étant habituellement soumises à un cycle d’attention ponctuel (élections, drames) et de désintérêt général, le reste du temps », Fatoumata Bernadette Sonko insiste sur la nécessité de « travailler conjointement à l’épanouissement et à l’émancipation de toutes les femmes ».
Elle salue l’engagement de celles qui ont ouvert la voie, de celles qui luttent pour l’égalité, et de celles qui s’opposent aux violences de genre, au « masculinisme politique » et aux « représentations médiatiques biaisées ».
Un combat pour l’égalité et la dignité
Mme Sonko conclut en rappelant les défis auxquels sont confrontées les femmes dans une société qui valorise le masculin : « Éduquées à s’épanouir dans le silence, les filles sont assignées à un destin, au moment où les garçons sont préparés à s’approprier l’espace public ».
Elle souligne la « fragilité extrême » des droits des femmes, menacés par les « maltraitances institutionnelle, sociale, économique et médiatique », et appelle à une vigilance constante pour défendre l’égalité et la dignité de toutes.
