À chaque saison pluvieuse, c’est le même cauchemar pour les habitants de Rayongo et de Tanlarghin, deux quartiers situés dans la capitale burkinabè. Construit il y a plus d’une dizaine d’années, cet ouvrage, pourtant équipé de balustrades de quelques mètres, est aujourd’hui en état de délabrement avancé. En saison pluvieuse, il se transforme en piège pour les milliers d’usagers qui l’empruntent chaque jour : élèves, étudiants, travailleurs, commerçants.
Malgré son importance pour la mobilité locale, ce pont reste négligé. La voie, non goudronnée, se dégrade un peu plus à chaque pluie, rendant la traversée presque impossible. Le jeudi 22 juillet 2025, une équipe de Gazette Médias s’est rendue sur les lieux pour constater l’ampleur du problème et recueillir les témoignages de riverains visiblement à bout.
« Nous vendons au bord de la voie et nous souffrons énormément. Hier, la pluie a emporté un jeune avec son vélo. Nous avons pu sauver le jeune, mais le vélo n’a jamais été retrouvé. On est ici juste pour subvenir à nos besoins, mais avec la pluie d’hier, c’était presque impossible de rentrer chez nous. » Pour les commerçants installés en bordure de la voie, chaque pluie est source de stress et de perte comme en témoignent Samira Ouédraogo, vendeuse au bord de la voie.
Au-delà des désagréments quotidiens, c’est l’accès même à des lieux sensibles, comme le cimetière, qui devient compromis. Noélie Ouédraogo, résidente du quartier, s’interroge : « Cette voie mène aussi au cimetière. Le jour où il pleut, que feront les familles des défunts si l’eau déborde ? Où iront-elles ? Il faut permettre aux familles d’accompagner dignement leurs proches dans leur dernière demeure. C’est une voie très empruntée, et l’État doit y jeter un coup d’œil. Ce n’est pas agréable de voir des gens bloqués devant ce pont, incapables de rejoindre leur maison. »
Même sans pluie directe dans le quartier, les conséquences sont visibles. L’eau qui ruisselle des zones environnantes envahit rapidement le pont, comme l’explique Roger Zoma, un habitant habitué à la scène . « Parfois il ne pleut même pas ici, mais l’eau monte parce qu’il a plu ailleurs. Dès que le ciel se couvre, chacun cherche à rentrer. Les commerçants plient bagage, les gens en ville ne peuvent plus rentrer. Les deux rives sont alors remplies de monde, bloqués, attendant une accalmie. »
Et lorsque la pluie cesse, les difficultés persistent. Nids-de-poule, boue, stagnation d’eau : la voie reste impraticable pendant des heures, bloquant toute circulation.
Malgré les appels répétés à l’aide, rien ne change. Les cris de cœur des populations sont restés sans réponse. Le pont continue de se détériorer, exposant chaque jour les habitants à des risques évitables.
Aujourd’hui, la population demande à l’État une intervention urgente : réhabilitation complète du pont, goudronnage de la voie, et installation de balustrades solides et fonctionnelles. Car sur cette route, c’est bien plus qu’un passage qui est en jeu, c’est la sécurité, la dignité et la vie des citoyens.